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dimanche 1 janvier 2012

LOKHRINE, expo de Ibrahim Matouss, Aa.Mim et Khaled Abed Rabbah à la galerie aire libre


Exposition  LOKHRINE, de Ibrahim Matouss, Aa.Mim et Khaled Abed Rabbah à la galerie aire libre, complexe el mechtel du 3 au 16 janvier 2012

LOKHRINE

LES AUTRES, eux, LOKHRINE, on ne sait plus s’il s’agit des sujets peints ou des artistes eux même. Une mise en abyme du marginal. Un récursif de la pratique des artistes. L’œuvre et les artistes se joignent dans une structure gigogne. Ces « autres » qui fondent dans le bruit de l’existence. Des postures figées pourtant éphémères, des gestes tantôt gelés, tantôt vifs, qui volètent le traintrain de la vie, des vies.. Ces connaissances qui se prêtent à une représentation qui se voulait neutre, pudique : une promesse toujours annoncée, chaque fois manquée..
« Pas peindre à Tunis » : tel est le crédo non voulu de ces artistes trentenaires : le premier est originaire de Béjà et peint à Hammam-Sousse, le second est originaire d’El Fahs et peint à Chott Mariem, le dernier peint entre Tataouine et Hergla.
Ils ont tissé des liens autour de leurs pratiques nuancées néanmoins communes dans leur minimalisme, de leur représentation du marginal, de la peinture de l’écart.
Ces artistes sont dans une éternelle léthargie par rapport à l’agitation de la sphère culturelle, des anachorètes assumés, par leur nature hibernale ils ne peuvent rentrer dans le moule. Ils acquièrent une expérience personnelle sans réussir à intégrer des clans.

Une houle de silhouettes, une foule limite chaotique, c’est ainsi qu’on perçoit l’œuvre de Khaled Abdrabbah.
Ces toiles sont un espace ou se conjuguent bestialité et régénération..
Les fleurs se font nœuds, et le nœud se défait en un dénouement quasi- tumultueux..
Un croisement de périmètres : des espace dans l’espace, des territoires qui se chevauchent ; un embranchement de corps : mi-homme, mi-bête ; une hybridation de sexes : le féminin et le masculin..
Il nous fait partager une peinture « hypertextuelle » conduisant à une plasticité de la marge..le marginal ? Oui celui qu’on croit si singulier de nous et pourtant si commun.

Le travail de Aa.Mim (acronyme de l’artiste) s’élabore comme un témoignage sur l’être, ou plutôt la rencontre de l’être, de l’autre..
Des personnages amputés de leurs contextes originels, puis enracinés dans un territoire propre à la toile..Un territoire scénique qui se présente comme une corde interminable entre les marginaux et leurs « objets », ces objets nommés désir !
C’est une mise en retrait qui se veut comme une mise en écoute.
Ces « autres » n’existent sur la surface de la toile que par leur dépendance..
Tourner le dos, comme tourner la toile. Exister par une certaine absence, absence présente par le gribouillis du stylo, comme une trace, une mémoire. Des représentations singulières capturées dans un laps de temps inédit, qui transfigure le principe même du pochoir et de la répétition à l’infini..


Ibrahim Matous, c’est un pseudonyme qui a été créé à partir des méandres plastiques de l’artiste.
Chez Ibrahim l’œuvre est dialogue ; la peinture est parole.Ses personnages créent une béance vers une « réalité » en perce. Des visages des figures, des figures et des visages ; des strates de papiers collées, des colles fumées, superpositions de matière, arrachement de matériaux..le support et les « autres » s’embrasent donnant à une rencontre chair à chair..
L’action du feu, de la gouge font « tenir en place » les sujets, dans une espèce de malaise ambiant, poignant ! l’intime se narre..l’écart s’égare..
« il s’approprie les couleurs et l’espace en créant un néo espace limite impénétrable et pourtant si familier » mettant en exergue une certaine latence défiant cadrage et contours marqués.
Voir, se voir et donner à voir ...

Apoplexie Brutale


Mach est heureux
en ces temps moroses et flous
de fêter le soulèvement
de la jeunesse libre
en recevant
sur les cimaises de l'aire libre
trois peintres
encore inconnus
et à l'égo retenu
sous pseudo mais pas pseudos
leur art senti
maitrisé et réfléchi
loin des bruits de la ville
et de la course à la cerise .
sans gâteau
d'aventure
en aventure
nulle peur pour eux
ils ne vont pas bruler
leurs ailes
avec le rêve les font planer
et au bon port
sauront les amener !

Mahmoud Chalbi




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